60 ANS DE L’ESC : ANNIVERSAIRE ET CADEAUX EMPOISONNÉS

Publié le mardi 4 février 2025
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Communiqué partagé : 60 ANS DE L’ESC : ANNIVERSAIRE ET CADEAUX EMPOISONNÉS

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Depuis sa création le SEA UNSA n’a eu cesse de promouvoir toutes les pédagogies qui favorisent l’épanouissement individuel en même temps qu’un apprentissage citoyen et professionnel. L’éducation socioculturelle en est une composante incontournable. En fevrier 2025, l’ESC fête ses 60 ans et le constat actuel est amer : dispersion des heures, manque de cohérence, réseaux insuffisants... Une réflexion est nécessaire pour redéfinir et renforcer cette discipline qui est toujours essentielle pour nos établissements.

Depuis sa création le SEA-UNSA n’a eu cesse de promouvoir toutes les pédagogies nouvelles qui favorisent l’épanouissement individuel en même temps qu’un apprentissage éducatif citoyen et  professionnel. Notre soutien à l’ESC a toujours été inconditionnel car la culture, l’art, les projets sont des vecteurs incomparables d’inclusion, d’émancipation, de construction et de partage collectifs qui donnent du sens à notre existence sociétale.

En  2025, le Ministère de l’agriculture fête les 60 ans de l’éducation socioculturelle : cette « discipline » enseignée uniquement au sein de l’enseignement agricole.

Toutefois si nous nous réjouissons en tant qu’organisation syndicale de cette mise en valeur, qui sera d’ailleurs accentuée cette année par un recrutement en nombre de nouveaux enseignants, reste que les interrogations sont bien et plus que jamais présentes.

 Les difficultés que rencontrent les collègues d’ESC dans les établissements sont trop nombreuses :

  • Une perte de cohérence globale : Les enseignants d’ESC doivent maintenant être des « coachs » en développement personnel, accompagnants de projets professionnels, experts en médiatisation, médiateurs culturels, animateurs etc… Les référentiels sont devenus pour les enseignants d’ESC un catalogue d’attentes pédagogiques trop nombreuses dont ils ne peuvent évidemment pas maîtriser toutes les compétences nécessaires pour accomplir pleinement leur métier auprès des jeunes.
  • Des  heures trop dispersées : 0,25 H par ici, 0,5 H par là… Des EIE… Des séances de pluri. A vouloir être partout, certains enseignants d’ESC ne savent plus très bien où ils en sont… Le danger du multitâche et du multi-compétences est la perte d’efficacité qui, en retour, est trop souvent reprochée aux enseignants d’ESC.
  • Une éducation artistique en retrait : Les restrictions horaires et la liberté de projet qui sont apparues dans le nouveau référentiel Bac Pro sont le signe d’une perte importante pour l’ESC. Une éducation et des projets artistiques collectif bien menés sont des expériences incomparables permettant cette mise à  distance et une compréhension unique et subtile de l’expérience humaine. L’art pour tous est préférable à la culture pour chacun …
  • Un « accompagnement numérique » sans cohérence globale.  « L’éducation aux médias »  qui était auparavant « l’apanage » de l’enseignant d’ESC est maintenant réduite, fragmentée entre plusieurs disciplines, avec des volumes horaires trop limités au regard des enjeux et des objectifs pédagogiques et de plus non présente réellement à tous les niveaux des cycles de formations. Pourtant le défi est immense et la pédagogie indispensable. La nouvelle ère numérique nécessite de nouvelles méthodes faites de décryptages, de relations avec les jeunes, de temps de recul et d’analyse. C’est peut être la mission la plus importante de l’ESC en ce XXI ème siècle :  former les citoyens de demain à de bonnes pratiques numériques réfléchies.
  • Conseiller en orientation professionnelle ne s’invente pas. Même si le projet professionnel est l’affaire de tous, confier la responsabilité de ce module en Bac Pro à l’enseignement d’ESC est une erreur. Faire des bilans de compétences ? Évaluer les besoins en formations ? Proposer des évolutions professionnelles ? Tout ceci est un véritable métier bien éloigné des compétences demandées lors des concours d’ESC …
  • Une difficulté quotidienne à construire  des projets au sein de nos EPL La verticalité des « managements » et la multiplication des règles administratives dans nos EPL imposent aux enseignants d’ESC encore trop souvent de véritables parcours de combattants pour mettre en place des projets essentiels pour notre jeune public.
  • Des réseaux insuffisants et pourtant indispensables.  Le détricotage et le manque de moyens attribués au réseaux ESC régionaux et nationaux sont dramatiques. L’animation, la visibilité de nos établissements passe par une expertise constante des enjeux,  de l’évolution et du cadre réglementaire des politiques culturelles régionales ou nationales. Les relations avec les partenaires culturels sont essentielles. Un enseignant d’ESC seul  dans son établissement ne peut effectuer toutes ces démarches. L’échange entre collègues est indispensable pour construire des projets entre établissements et donner de la visibilité à l’enseignement agricole public.
  • Un tiers temps à consolider et à élargir. Le tiers temps ne peut plus être confondu avec un temps de présence dans l’établissement ou de l’animation ALESA (cf note de service à venir). Le tiers temps est essentiel et ne peut être réduit à l’animation car il est devenu la condition d’un montage efficace des projets avec des partenaires sur les territoires. Toutes ces heures invisibles qui vont des mails, aux rencontres informelles avec les élèves, avec les intervenants pour les projets sont devenues chronophages.

Et enfin pourquoi les collègues de CFA ne bénéficient-ils pas elles et eux aussi depuis de nombreuses années d’un temps dédié pour construire une pédagogie et une animation innovantes et des projets dans leur centre ?

On le sait tous : le contexte socioculturel actuel est bien différent de celui qui a présidé à la création de l’ESC avec l’émergence de nouveaux enjeux :  l’urgence écologique, la citoyenneté numérique, le vivre ensemble …

L’ESC doit continuer son chemin en prolongement des autres disciplines avec une pédagogie active, innovante, multiforme et toujours au plus près des jeunes maintenant immergés dans un monde nouveau numérisé à l’excès qui les laisse sans repos.

La célébration  des 60 ans de l’ESC  doit sans aucun doute s’accompagner d’une  réflexion à la fois disciplinaire et sur l’exercice au quotidien d’un métier devenu de plus en plus difficile

Pour le SEA UNSA  l’éducation socioculturelle est une discipline primordiale qui doit être redéfinie eu égard aux enjeux sociétaux et culturels, actuels et futurs afin de lui redonner toute son efficacité. Il faut revenir à l’essentiel, ne plus la disperser dans une  multitude de tâches fractionnées et surtout lui donner concrètement et quotidiennement tous les moyens nécessaires pour réussir et retrouver sa vision émancipatrice .

 Organisons des assises et réfléchissons à l’ESC de demain !