Le plus grand lycée de France : le lycée agricole de Matiti

Publié le lundi 12 février 2024
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Question d'Educ : Le plus grand lycée de France a moins de 350 élèves. Sa superficie dépasse les 150 hectares, alors qu’en moyenne un grand lycée peut occuper 5 hectares dans l’hexagone, et il se trouve en Guyane française.

Le plus grand lycée de France a moins de 350 élèves. Sa superficie dépasse les 150 hectares, alors qu’en moyenne un grand lycée peut occuper 5 hectares dans l’hexagone, et il se trouve en Guyane française. C’est le lycée agricole de Matiti et les représentants de l’UNSA éducation au congrès local de la section de Guyane ont eu la chance de pouvoir le visiter en compagnie du directeur Sylvain Batista, de son équipe de direction et du représentant local du Syndicat de l’Enseignement Agricole de l’UNSA, qui fait partie de l’UNSA éducation, Modeste Raymond.

Le lycée agricole de Matiti, à Macoura, à mi-chemin entre Cayenne et Kourou, est le seul lycée public agricole de Guyane. C’est un établissement public local d’enseignement, de formation professionnelle et d’apprentissage qui intègre aussi l’équivalent d’un GRETA avec des stagiaires en formation continue ainsi que des formations générales et technologiques et des formations professionnelles, notamment en apprentissage (le campus « Amazonia »), avec des diplômes spécifiques tels que le BTSA «développement de l’agriculture en zone chaude ».

L’enseignement agricole dépend du ministère de l’agriculture, avec une organisation spécifique, différente de l’éducation nationale, qui s’est dessinée au début des années 80. Ce pas de côté peut beaucoup apporter aux écoles, collèges et établissements, avec par exemple la matière « éducation socio-culturelle » qui donne une tonalité particulière à la vie de l’établissement, l’action déterminante des directeurs et directrices d’exploitation (équivalent des DDFPT dans l’éducation nationale) qui sont de véritables chefs d’entreprise et des équipes de direction dont l’activité est très diversifiée (et passionnante !) notamment pour gérer un budget de plus de 3 millions d’euros.

Ce qu’on observe sur le terrain ? en tournant à gauche sur la route nationale 1, voie côtière et seule voie rapide de Guyane, on est éloigné de tout en roulant dans la savane. La végétation est luxuriante, y compris dans l’établissement, avec des plantes, des parterres, des fresques et des expositions portées notamment par les élèves en formation paysagiste (baccalauréat professionnel aménagement paysager). La relation prof/élève est formidable dans cet établissement où près de la moitié des élèves sont internes (et les autres doivent se lever très tôt pour venir dans l’établissement). Les élèves sont reconnaissables à leur t-shirt bleu (collégiens de troisième), rouge (lycéens) et verts (étudiants) ou encore avec une tenue libre (stagiaires en formation continue). L’ambiance est clairement bonne et détendue, les élèves racontent leur dernière escapade en forêt, vont faire du volley sur le parcours sportif ou reviennent de la piscine. C’est un atout considérable pour l’établissement de disposer de cet équipement car apprendre à nager ne va pas de soi en Guyane.

L’établissement est en plein développement. La vaste superficie est occupée par des exploitations caprines, ovines et porcines. Des petites chèvres très attachantes sont chouchoutées par les élèves du bac pro CGEA (conduite et gestion de l’entreprise spécialisée dans l’élevage), notamment car elles sont très efficaces pour le désherbage écologique. L’établissement compte aussi des exploitations pour l’horticulture (serre), pour la forêt (domaine forestier du CFAA). Un CAP maritime va bientôt être créé dans l’établissement en lien avec le ministère de la mer et l’établissement veut développer des formations de transformation agricole car l’industrie agroalimentaire est très peu développée sur le territoire.

En arrière-plan, c’est l’enjeu de la souveraineté agricole de la Guyane qui dépend de l’action de l’enseignement agricole, en partie, en développant des formations agricoles, d’élevage, car le territoire n’est pas autosuffisant pour la viande ou pour les légumes, très dépendant de l’hexagone et de transports de frêt très chers pour leur approvisionnement. L’enjeu d’avenir, pour l’établissement, c’est aussi de rendre viable l’activité du CFAA car il est difficile de développer l’apprentissage quand l’emploi illégal d’une main d’œuvre étrangère qui ne connait pas ses droits sociaux déstabilise le marché de l’emploi. La question foncière est aussi très importante pour l’avenir de l’agriculture locale : l’État possède 95% des terrains et les rétrocessions aux collectivités territoriales se font au compte-goutte, ce qui peut rendre plus difficile l’installation des jeunes agriculteurs.

Une vidéo pour découvrir l’établissement ici 

Connaissez-vous question d’Educ ?

« Questions d’éduc » :

le blog du secteur éducation et culture  de l’Unsa-Éducation

Les questions d’éducation sont nombreuses et d’importance. Elles sont parfois à la une de l’actualité. Mais souvent, elles demeurent des débats de spécialistes alors qu’elles engagent la conception de la société et de la citoyenneté.

Pour l’UNSA éducation[i], l’éducation est une démarche globale, partagée entre plusieurs partenaires, complémentaire dans les missions des différentes structures. Si l’École est essentielle, le cœur de notre système éducatif, elle n’est ni seule ni ne peut tout. Les élèves, les étudiants sont avant tout des enfants et des jeunes et au-delà c’est à chacun qu’il est indispensable d’offrir le droit à l’éducation tout au long de la vie.